Mutara III, Rudahigwa Charles-Léon-Pierre
Personne
Dates
- Existence: 1911 - 1959
Biographie
Né à Nyanza, sur la colline de Rwesero, en mars 1911, Rudahigwa est le fils du roi Yuhi V Musinga et de Kankazi, fille de Mbanzabigwi du clan des Bega et du lignage des Bakagara. Mbanzabigwi est en effet le fils du chef Rwakagara et le demi-frère de la reine-mère Nyirayuhi V Kanjogera.
Formé à l'école des fils de chefs de Nyanza administrée par l'administration belge, Rudahigwa y apprend, entre 1919 et 1924, la lecture, l’écriture, le calcul, le swahili et le français.
Par la suite, il devient le secrétaire de son père. Le 7 juillet 1929, il est placé à la tête de la chefferie du Marangara dans le but de l’éloigner de son père voué à la destitution et de le préparer à lui succéder. Ces deux derniers événements surviennent en novembre 1931 : le 12, Yuhi Musinga est déposé par l’administration mandataire belge et quatre jours plus tard, Rudahigwa est intronisé sous le nom dynastique de Mutara III. Sa mère est intronisée sous le nom de règne de Nyiramavugo III en conformité à la tradition dynastique du Rwanda qui prévoit l’administration du pays par un roi adjoint à sa mère ou à une mère de substitution.
Le règne de Mutara III Rudahigwa est marqué par de grands changements amorcés durant la gouvernance de son père suite au contact avec la domination coloniale d’abord allemande, ensuite belge.
Dans le domaine politique, on notera : - la suppression des redevances en nature et en travail au bénéfice du roi ; - la réunification des commandements politiques ; - la création du Conseil du roi en 1931 qui devient, en 1942, le Conseil du pays et en 1952, le Conseil supérieur du Pays ; - l’encouragement de l’effort de guerre de la population rwandaise pendant le Second Conflit mondial ; - les élections en 1952 des conseils de chefferie et de sous-chefferie ; - l’accueil des missions de visite (1948, 1951, 1954, 1957, 1960) envoyées par le Conseil de Tutelle de l’ONU afin de se rendre compte des avancées du Rwanda en tant que territoire sous tutelle belge ; - la célébration, en juin 1957, des 25 ans de règne de Mutara III Rudahigwa ; - la collaboration étroite de Mutara dans les premières années de son règne avec l’administration belge et l’Église catholique, ensuite, à partir de la deuxième moitié des années 1950, la mésentente avec ces deux institutions récusées pour leur implication biaisée dans la politique du Rwanda, notamment dans les antagonismes d'ordre ethnique ; - le début des mouvements revendiquant une même représentativité pour tous les groupes ethniques du pays.
Dans le domaine économique, le règne de Mutara III Rudahigwa est caractérisé par : - la poursuite du travail salarié, de la construction des routes, des cultures vivrières obligatoires, des reboisements pour lutter contre la sécheresse, des cultures du thé et du café et de l’extraction minière ; - l’introduction de coton, du pyrèthre, du tabac comme nouvelles cultures de rente ainsi que l’arrivée de nouvelles entreprises minières à l’instar de la Compagnie géologique et minière du Ruanda-Urundi ou la GEORUANDA (1943) et de la Compagnie de Recherche et d’Exploitation minière du Ruanda-Urundi ou la COREM (1946) ; - l’intensification de l’émigration rwandaise vers l’Ouganda et le Tanganyika, territoires sous contrôle britannique ; - la construction de l’aéroport de Kigali et de l’aérodrome de Kamembe ; - la création des laboratoires et des dispensaires vétérinaires ; - la suppression des corvées coutumières, uburetwa, ainsi que des corvées coloniales, akazi ; - l’abolition, en 1954, du clientélisme pastoral, ubuhake, décrié pour certains de ses aspects contraignants ; - l’inauguration de la laiterie de Nyanza et de la brasserie de Gisenyi.
Dans le domaine social, il est à relever : - les mouvements de conversions massives des Rwandais au Catholicisme connus sous l'expression de "Grande Tornade de l’Esprit Saint". Ces conversions seront couronnées par le baptême, le 17/10/1943, du roi Mutara III Rudahigwa prénommé alors Charles Léon Pierre ainsi que par la consécration, par ce dernier, du Rwanda au Christ-Roi, à la date du 27/10/1946 ; - la prolifération des écoles primaires et secondaires ; - la création de la presse écrite rwandaise illustrée par les périodiques comme Kinyamateka (1933), Écho du séminaire/L’ami (1938, 1945) ; - l’arrivée de nouvelles confessions protestantes chrétiennes : l’église baptiste danoise en 1939 et l’église méthodiste libre en 1943 ; - la lutte contre la famine Ruzagayura de 1943-1944 ; - l’inauguration de nouveaux dispensaires ; - la consécration, en 1952, du premier évêque rwandais, Aloys Bigirumwami, en même temps, le premier évêque de l’Afrique « coloniale » belge ; - la création, en 1957, du Fonds de bourses Mutara III destiné à financer les études à l’étranger des jeunes Rwandais prometteurs.
Le roi Mutara III Rudahigwa décède inopinément le 25 juillet 1959. Trois jours plus tard, il est remplacé par son demi-frère, Jean-Baptiste Ndahindurwa, intronisé sous le nom dynastique de Kigeli V et régnant avec sa propre mère, la reine-mère Nyirakigeli V Mukashema Bernadette.
Disparu sans descendance, Mutara III Rudahigwa a eu deux épouses successives : Nyiramakomari du clan des Bagesera épousée le 15/10/1933 et répudiée le 19/4/1940, et Rosalie Gicanda du clan des Banyiginya convolée le 18/1/1942.
Formé à l'école des fils de chefs de Nyanza administrée par l'administration belge, Rudahigwa y apprend, entre 1919 et 1924, la lecture, l’écriture, le calcul, le swahili et le français.
Par la suite, il devient le secrétaire de son père. Le 7 juillet 1929, il est placé à la tête de la chefferie du Marangara dans le but de l’éloigner de son père voué à la destitution et de le préparer à lui succéder. Ces deux derniers événements surviennent en novembre 1931 : le 12, Yuhi Musinga est déposé par l’administration mandataire belge et quatre jours plus tard, Rudahigwa est intronisé sous le nom dynastique de Mutara III. Sa mère est intronisée sous le nom de règne de Nyiramavugo III en conformité à la tradition dynastique du Rwanda qui prévoit l’administration du pays par un roi adjoint à sa mère ou à une mère de substitution.
Le règne de Mutara III Rudahigwa est marqué par de grands changements amorcés durant la gouvernance de son père suite au contact avec la domination coloniale d’abord allemande, ensuite belge.
Dans le domaine politique, on notera : - la suppression des redevances en nature et en travail au bénéfice du roi ; - la réunification des commandements politiques ; - la création du Conseil du roi en 1931 qui devient, en 1942, le Conseil du pays et en 1952, le Conseil supérieur du Pays ; - l’encouragement de l’effort de guerre de la population rwandaise pendant le Second Conflit mondial ; - les élections en 1952 des conseils de chefferie et de sous-chefferie ; - l’accueil des missions de visite (1948, 1951, 1954, 1957, 1960) envoyées par le Conseil de Tutelle de l’ONU afin de se rendre compte des avancées du Rwanda en tant que territoire sous tutelle belge ; - la célébration, en juin 1957, des 25 ans de règne de Mutara III Rudahigwa ; - la collaboration étroite de Mutara dans les premières années de son règne avec l’administration belge et l’Église catholique, ensuite, à partir de la deuxième moitié des années 1950, la mésentente avec ces deux institutions récusées pour leur implication biaisée dans la politique du Rwanda, notamment dans les antagonismes d'ordre ethnique ; - le début des mouvements revendiquant une même représentativité pour tous les groupes ethniques du pays.
Dans le domaine économique, le règne de Mutara III Rudahigwa est caractérisé par : - la poursuite du travail salarié, de la construction des routes, des cultures vivrières obligatoires, des reboisements pour lutter contre la sécheresse, des cultures du thé et du café et de l’extraction minière ; - l’introduction de coton, du pyrèthre, du tabac comme nouvelles cultures de rente ainsi que l’arrivée de nouvelles entreprises minières à l’instar de la Compagnie géologique et minière du Ruanda-Urundi ou la GEORUANDA (1943) et de la Compagnie de Recherche et d’Exploitation minière du Ruanda-Urundi ou la COREM (1946) ; - l’intensification de l’émigration rwandaise vers l’Ouganda et le Tanganyika, territoires sous contrôle britannique ; - la construction de l’aéroport de Kigali et de l’aérodrome de Kamembe ; - la création des laboratoires et des dispensaires vétérinaires ; - la suppression des corvées coutumières, uburetwa, ainsi que des corvées coloniales, akazi ; - l’abolition, en 1954, du clientélisme pastoral, ubuhake, décrié pour certains de ses aspects contraignants ; - l’inauguration de la laiterie de Nyanza et de la brasserie de Gisenyi.
Dans le domaine social, il est à relever : - les mouvements de conversions massives des Rwandais au Catholicisme connus sous l'expression de "Grande Tornade de l’Esprit Saint". Ces conversions seront couronnées par le baptême, le 17/10/1943, du roi Mutara III Rudahigwa prénommé alors Charles Léon Pierre ainsi que par la consécration, par ce dernier, du Rwanda au Christ-Roi, à la date du 27/10/1946 ; - la prolifération des écoles primaires et secondaires ; - la création de la presse écrite rwandaise illustrée par les périodiques comme Kinyamateka (1933), Écho du séminaire/L’ami (1938, 1945) ; - l’arrivée de nouvelles confessions protestantes chrétiennes : l’église baptiste danoise en 1939 et l’église méthodiste libre en 1943 ; - la lutte contre la famine Ruzagayura de 1943-1944 ; - l’inauguration de nouveaux dispensaires ; - la consécration, en 1952, du premier évêque rwandais, Aloys Bigirumwami, en même temps, le premier évêque de l’Afrique « coloniale » belge ; - la création, en 1957, du Fonds de bourses Mutara III destiné à financer les études à l’étranger des jeunes Rwandais prometteurs.
Le roi Mutara III Rudahigwa décède inopinément le 25 juillet 1959. Trois jours plus tard, il est remplacé par son demi-frère, Jean-Baptiste Ndahindurwa, intronisé sous le nom dynastique de Kigeli V et régnant avec sa propre mère, la reine-mère Nyirakigeli V Mukashema Bernadette.
Disparu sans descendance, Mutara III Rudahigwa a eu deux épouses successives : Nyiramakomari du clan des Bagesera épousée le 15/10/1933 et répudiée le 19/4/1940, et Rosalie Gicanda du clan des Banyiginya convolée le 18/1/1942.
Auteur : Dantès Singiza
Source: Harroy Jean-Paul, "Mutara III (Charles-Léon-Pierre Rudahigwa)", in Académie royale des Sciences d'Outre-mer, "Biographie belge d'Outre-mer", T. VI, 1968, col. 768-772; "Dialogue", n° 188,"La 50ème commémoration de la mort de Rudahigwa", (avril-juillet 2009).