Rwigemera, Étienne
Personne
Dates
- Existence: 1912 - 1984
Biographie
Né en 1912, Étienne Rwigemera est le fils du roi Yuhi V Musinga et de Thérèse Nyirakabuga. Par son père, Rwigemera appartient au clan des Banyiginya et au lignage des Bahindiro.
À l’âge de 12 ans, en 1924, il fréquente l’école des fils de chefs de Nyanza où il apprend la lecture, l’écriture, le calcul, le swahili, le français et quelques rudiments de la science administrative. Contre l’approbation de son père, Rwigemera suit aussi les cours de catéchisme dispensés par les missionnaires catholiques, les Pères Blancs. Cette insubordination entraîne la colère de son père qui le réprouve durement.
Rwigemera termine sa formation en 1927. Il travaille ensuite comme clerc à la résidence du Rwanda à Kigali. Le 16 mars 1929, il est nommé à la tête de la chefferie du Rukiga, en territoire de Biumba/Byumba, en remplacement du chef Kayihura, fils de Biganda, tenu pour responsable de la famine dénommée, après lui, « Rwakayihura ».
Le 06 septembre 1931, Rwigemera épouse Eulalie Kantarama, fille de Seruhuga du clan des Bega et du lignage des Bahenda. Ils auront ensemble 15 enfants.
Le 12 novembre 1931, son père, le roi Yuhi V Musinga, est déposé par l'administration mandataire belge. Quatre jours plus tard, Rudahigwa, le fils de Musinga et le demi-frère de Rwigemera, est intronisé sous le nom de règne de Mutara III.
Le 25 juillet 1959, Mutara III Rudahigwa décède inopinément à Usumbura/Bujumbura (Burundi). Trois jours après, Jean-Baptiste Ndahindurwa, son autre demi-frère, lui succède au trône, sous le nom dynastique de Kigeli V.
Environ deux mois plus tard, les partis politiques sont créés et le prince Étienne Rwigemera devient membre fondateur du Rassemblement démocratique rwandais (RADER), soutenu discrètement par l’administration tutélaire belge. Il est, en effet, l'un des conseillers de ce parti. Après les troubles de novembre 1959 caractérisés par les persécutions et les massacres des Tutsi, É. Rwigemera reste à la tête de la chefferie du Rukiga. Vers le mois de février 1960, il cède le commandement de la chefferie à son fils Gérard Rwigemera. Il n'exerce alors que le mandat de membre du Conseil spécial provisoire du Rwanda (nouvelle appellation du Conseil supérieur du Pays - Ce conseil change de nom en octobre 1960 et devient le Conseil du Rwanda). Quelques temps après, les sous-chefferies et les chefferies sont dissoutes et remplacées par les communes et les préfectures.
Dans l'entretemps, suite à la partialité de l'administration tutélaire belge en faveur de deux autres partis politiques, à savoir le Parti du Mouvement de l'Émancipation Hutu (PARMEHUTU) et l'Association pour la Promotion sociale de la Masse (APROSOMA), ainsi qu'en raison de l'impunité des crimes perpétrés contre les Tutsi, le RADER change de ligne politique au cours du mois de juillet 1960. Ce rassemblement politique se rapproche des positions des partis nationalistes comme l'Union nationale rwandaise (UNAR). Il affirme son attachement au régime monarchique, dénonce les crimes impunis, s'oppose à l'occupation militaire belge encourageant l'instauration d'un régime discriminatoire pro-tutélaire et réclame, tout compte fait, la fin de la tutelle belge de même que le recouvrement de l'indépendance du Rwanda. Avec ce changement de cap, l'administration tutélaire belge cesse de soutenir le RADER et le considère, par conséquent, comme un parti d'opposition à surveiller de très près. Ses leaders, à l'instar du prince É. Rwigemera, pâtissent de ce nouveau statut et vivent dès lors dans la marginalité.
À l’indépendance du Rwanda accordée le 01 juillet 1962, le prince Étienne Rwigemera prend la décision de continuer à vivre au "Pays des milles collines" malgré les menaces dont il fait l’objet en raison de ses origines familiales. Pour survivre, il accepte l’emploi modeste de chef cantonnier.
En décembre 1963, il échappe de justesse à l’assassinat organisé contre l’ensemble des leaders des partis d’opposition, dont le RADER, ainsi qu’aux massacres des Tutsi menés en réaction à l’attaque des réfugiés tutsi exilés au Burundi.
Au lendemain de ces bains de sang, le prince É. Rwigemera continue de vivre au Rwanda. Après avoir travaillé comme cantonnier, il se lance dans le commerce du sable et des pierres de construction. D’année en année, il mène une vie modeste proche de la précarité.
En 1979, son épouse Eulalie Kantarama décède. Il se remarie peu après et donne naissance à 2 garçons.
Refusant de quitter le Rwanda en dépit de son dénuement, le prince Étienne Rwigemera décède de fatigue et de maladie, à Kigali, en 1984.
Durant le mandat et la tutelle belges, le prince Étienne Rwigemera était le récipiendaire de la Médaille de l'effort de guerre colonial, de la Médaille en bronze de l'Ordre royal du Lion, de la Médaille d'Argent de l'Ordre de Léopold II, de la Médaille en or de l'Ordre de Léopold II et de la Médaille commémorative de la visite du roi Baudouin.
À l’âge de 12 ans, en 1924, il fréquente l’école des fils de chefs de Nyanza où il apprend la lecture, l’écriture, le calcul, le swahili, le français et quelques rudiments de la science administrative. Contre l’approbation de son père, Rwigemera suit aussi les cours de catéchisme dispensés par les missionnaires catholiques, les Pères Blancs. Cette insubordination entraîne la colère de son père qui le réprouve durement.
Rwigemera termine sa formation en 1927. Il travaille ensuite comme clerc à la résidence du Rwanda à Kigali. Le 16 mars 1929, il est nommé à la tête de la chefferie du Rukiga, en territoire de Biumba/Byumba, en remplacement du chef Kayihura, fils de Biganda, tenu pour responsable de la famine dénommée, après lui, « Rwakayihura ».
Le 06 septembre 1931, Rwigemera épouse Eulalie Kantarama, fille de Seruhuga du clan des Bega et du lignage des Bahenda. Ils auront ensemble 15 enfants.
Le 12 novembre 1931, son père, le roi Yuhi V Musinga, est déposé par l'administration mandataire belge. Quatre jours plus tard, Rudahigwa, le fils de Musinga et le demi-frère de Rwigemera, est intronisé sous le nom de règne de Mutara III.
Le 25 juillet 1959, Mutara III Rudahigwa décède inopinément à Usumbura/Bujumbura (Burundi). Trois jours après, Jean-Baptiste Ndahindurwa, son autre demi-frère, lui succède au trône, sous le nom dynastique de Kigeli V.
Environ deux mois plus tard, les partis politiques sont créés et le prince Étienne Rwigemera devient membre fondateur du Rassemblement démocratique rwandais (RADER), soutenu discrètement par l’administration tutélaire belge. Il est, en effet, l'un des conseillers de ce parti. Après les troubles de novembre 1959 caractérisés par les persécutions et les massacres des Tutsi, É. Rwigemera reste à la tête de la chefferie du Rukiga. Vers le mois de février 1960, il cède le commandement de la chefferie à son fils Gérard Rwigemera. Il n'exerce alors que le mandat de membre du Conseil spécial provisoire du Rwanda (nouvelle appellation du Conseil supérieur du Pays - Ce conseil change de nom en octobre 1960 et devient le Conseil du Rwanda). Quelques temps après, les sous-chefferies et les chefferies sont dissoutes et remplacées par les communes et les préfectures.
Dans l'entretemps, suite à la partialité de l'administration tutélaire belge en faveur de deux autres partis politiques, à savoir le Parti du Mouvement de l'Émancipation Hutu (PARMEHUTU) et l'Association pour la Promotion sociale de la Masse (APROSOMA), ainsi qu'en raison de l'impunité des crimes perpétrés contre les Tutsi, le RADER change de ligne politique au cours du mois de juillet 1960. Ce rassemblement politique se rapproche des positions des partis nationalistes comme l'Union nationale rwandaise (UNAR). Il affirme son attachement au régime monarchique, dénonce les crimes impunis, s'oppose à l'occupation militaire belge encourageant l'instauration d'un régime discriminatoire pro-tutélaire et réclame, tout compte fait, la fin de la tutelle belge de même que le recouvrement de l'indépendance du Rwanda. Avec ce changement de cap, l'administration tutélaire belge cesse de soutenir le RADER et le considère, par conséquent, comme un parti d'opposition à surveiller de très près. Ses leaders, à l'instar du prince É. Rwigemera, pâtissent de ce nouveau statut et vivent dès lors dans la marginalité.
À l’indépendance du Rwanda accordée le 01 juillet 1962, le prince Étienne Rwigemera prend la décision de continuer à vivre au "Pays des milles collines" malgré les menaces dont il fait l’objet en raison de ses origines familiales. Pour survivre, il accepte l’emploi modeste de chef cantonnier.
En décembre 1963, il échappe de justesse à l’assassinat organisé contre l’ensemble des leaders des partis d’opposition, dont le RADER, ainsi qu’aux massacres des Tutsi menés en réaction à l’attaque des réfugiés tutsi exilés au Burundi.
Au lendemain de ces bains de sang, le prince É. Rwigemera continue de vivre au Rwanda. Après avoir travaillé comme cantonnier, il se lance dans le commerce du sable et des pierres de construction. D’année en année, il mène une vie modeste proche de la précarité.
En 1979, son épouse Eulalie Kantarama décède. Il se remarie peu après et donne naissance à 2 garçons.
Refusant de quitter le Rwanda en dépit de son dénuement, le prince Étienne Rwigemera décède de fatigue et de maladie, à Kigali, en 1984.
Durant le mandat et la tutelle belges, le prince Étienne Rwigemera était le récipiendaire de la Médaille de l'effort de guerre colonial, de la Médaille en bronze de l'Ordre royal du Lion, de la Médaille d'Argent de l'Ordre de Léopold II, de la Médaille en or de l'Ordre de Léopold II et de la Médaille commémorative de la visite du roi Baudouin.
Auteur : Dantès Singiza
Sources : Archives générales du Royaume 2-dépôt Joseph Cuvelier, RWA 34 ; Famille du Prince Rwigemera Étienne, Entretien par courriel, juillet 2020 ; Delmas Léon, "Généalogies de la noblesse (les Batutsi) du Ruanda", Kabgayi, Vicariat apostolique du Ruanda, 1950 ; Des Forges Alison, "Defeat is the only bad news: Rwanda under Musinga, 1896-1931", Madison, The University of Wisconsin Press, 2011, p. 185-187, 216-219 ; Rutayisire Paul, "Le choix de Rudahigwa", in "Dialogue" n° 188 : "La 50e commémoration de la mort de Rudahigwa", (avril-juillet 2009), p. 12-20; Saur Léon, "Catholiques belges et Rwanda : 1950-1964. Les pièges de l'évidence", Thèse de doctorat en histoire, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2012; Imfura Loïc, Facebook post, 23-05-2020.