Passer au contenu principal

Ndazaro, Lazare

 Personne

Dates

  • Existence: 1920 - 1963

Biographie

Né en 1920, Lazare Ndazaro est issu du clan des Banyiginya et du lignage des Banana. Il est le fils de Sezirahiga, le petit-fils de Ruvuzo, lui-même fils de Marara, fils de Munana, fils, à son tour, du prince Gihana, le fils du roi Cyilima II Rujugira.

Lazare Ndazaro effectue ses études sécondaires au Groupe scolaire d’Astrida, au sein de la section administrative. Il mène par la suite une longue carrière dans l’administration tutélaire belge et fait partie du Conseil supérieur du Pays à ses débuts.

Suite à ses états de service, Lazare Ndazaro est recommandé par l'administration tutélaire pour un stage politique en Belgique. De décembre 1958 à mai 1959, il travaille, à Bruxelles, au cabinet du Ministre du Congo belge et du Ruanda-Urundi.

À son retour au Rwanda, il est promu au grade d’agent territorial principal.

Co-fondateur du Rassemblement démocratique rwandais (RADER), L. Ndazaro en est le trésorier. À sa création, le RADER soutient l'administration tutélaire belge. En retour, celle-ci l'appuie aussi bien politiquement que financièrement.

En novembre 1959 éclatent les troubles qualifiés par certains de "révolution". Ces troubles sont marqués par les persécutions voire les massacres des Tutsi.

Suite à la partialité de l'administration tutélaire belge en faveur de deux autres partis politiques, à savoir le Parti du Mouvement de l'Émancipation Hutu (PARMEHUTU) et l'Association pour la Promotion sociale de la Masse (APROSOMA), ainsi qu'en raison de l'impunité des crimes perpétrés contre les Tutsi, le RADER change de ligne politique au cours du mois de juillet 1960. Ce rassemblement politique se rapproche des positions des partis nationalistes comme l'Union nationale rwandaise (UNAR). Il affirme son attachement au régime monarchique, dénonce les crimes impunis, s'oppose à l'occupation militaire belge encourageant l'instauration d'un régime discriminatoire pro-tutélaire et réclame, somme toute, la fin de la tutelle belge de même que le recouvrement de l'indépendance du Rwanda. Avec ce changement de cap, l'administration tutélaire belge cesse de soutenir le RADER et le considère, par conséquent, comme un parti d'opposition à surveiller de très près. Ses leaders, à l'instar de Lazare Ndazaro, pâtissent de ce nouveau statut et vivent dès lors dans la marginalité.

Après l'indépendance du Rwanda accordée le 1er juillet 1962, Lazare Ndazaro reste au Rwanda, où il est assassiné, en décembre 1963, par un péloton de la police nationale rwandaise supervisé par des coopérants militaires belges. Son assassinat est réalisé en représailles aux attaques des réfugiés tutsi exilés au Burundi.

Lazare Ndazaro était marié à Bernadette Mukarutesi et ils étaient les parents de 5 enfants. L. Ndazaro était, au cours des années 1950, le président de l'Association des Anciens élèves du Groupe scolaire d'Astrida (ASADA).
Auteur : Dantès Singiza
Sources : Famille Lazare Ndazaro, Entretien par courriel, janvier 2022 ; Delmas Léon, "Généalogies de la noblesse (les Batutsi) du Ruanda", Kabgayi, Vicariat apostolique du Ruanda, 1950 ; Jaspers Louis, "Ruanda: Ma vie d'administrateur de territoire. Tome II 1956-1960 : Progrès, démocratisation, justice, révolution, la marche douloureuse vers l'indépendance", Bruxelles, Éditions Scribe, 2013, p. 236 ; Saur Léon, "Catholiques belges et Rwanda : 1950-1964. Les pièges de l'évidence", Thèse de doctorat en histoire, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2012 ; Kimenyi Jean-Berchmans, "De la déconstruction du Rwanda aux massacres des Tutsi en 1959. Témoignage d'un proche collaborateur du roi Mutara III Rudahigwa", Kigali, CNLG, 2019.